J’ai toujours été fasciné par les cartes et atlas. Je peux rester des heures à regarder une carte IGN (que le monde nous envie… les toutes meilleures cartes topographiques au monde) ou à feuilleter mon atlas. Avec l’arrivée d’Internet, le nombre d’heures que je peux
passer sur des sites géographiques est parfois conséquent.
J’ai évoqué Trista da Cunha (207 km² pour environ 270 habitants – en vert) dans un précédent article. Je n’y suis jamais allé et
pourtant j’ai déjà « voyagé » sur ce petit bout de rocher du bout du monde. Cela a commencé par la découverte de ce point sur mon premier atlas (à 10 ans
environ), la découverte de son histoire dans une encyclopédie lors d’un de mes séjours en France et jusqu’à aujourd’hui où il m’arrive de temps à autre d’aller sur leur site Internet uniquement pour lire les nouvelles de l’île.
La vie de ces insulaires attise ma curiosité. Leur histoire, leur vie quotidienne parfois rude avec notamment des périodes de
plusieurs années, au siècle dernier, sans aucun contact avec l’extérieur, les petits évènements de l’île (comme en 2006, une plate forme pétrolière disparue dans
l’océan Austral pendant 9 mois et réapparue sur une de leurs plages…)… Puis il y a le fait qu’ils soient quasiment tous retournés vivre sur leur île après avoir été évacués sur une
ancienne base militaire en Angleterre en 1961 et 1962 et avoir côtoyé la vie « moderne ».
D’autres insulaires réagissent différemment après ce contact avec la modernité. C’est le cas sur l’île de Saint-Kilda au large de
l’Ecosse (225 km² pour environ moins de 100 habitants au maximum – en bleu). Après avoir été isolé pendant des siècles (même si l’île est moins éloignée du reste du
monde que Trista da Cunha), l’île a été totalement évacuée de ses habitants, à leurs demandes, au début des années 30. Une île éloignée mais encore trop proche du continent. Au 19ème c’est
la religion amenée du continent qui déstabilisa la vie des insulaires. La religion, c’est le mal mais ça nous le savons tous n’est-ce pas. Mais il fallait bien aller éduquer cette horde de
sauvage (interprétation personnelle) et modifier leurs habitudes clairement mauvaises. Bouffer des oiseaux et des œufs sur une île battue par les vents et
vivant très simplement, ne les empêchait pas pourtant d’être heureux.
Puis leur vie fut encore déstabilisée par le tourisme (si si… le tourisme à la fin du 19ème amenant
entre autres l’argent et quelques maladies comme le tétanos qui décima 8 enfants sur 10) et la présence militaire durant la 1ère guerre mondiale.
Mais leur nouvelle vie ne fut pas pour autant plus heureuse pour nombre d’entre eux. Sur l’île, ils vivaient en communauté. Le
vieillard ou le malade avait sa part de nourriture. Sur le continent, les choses furent différentes et certains ont fini quasiment à l’état de clochards, sans parler de leur mauvaise résistance
aux maladies qui en décimèrent plus d’un. Pour en savoir plus, lire cet article.
Puis sur d’autres îles, il est tout simplement impossible d’y vivre en totale autarcie. Citons l’île de Tromelin (1 km² - en violet)
et l’épisode des naufragés en 1761. Une frégate avec 122 membres d’équipage et 160 esclaves malgaches fait naufrage sur l’île. Environ 80 esclaves sont morts enchainés dans les cales inondées du
bateau. Mais ouf, il restait plus de 80 esclaves pour construire un radeau et permettre aux membres d’équipage de partir, tout en promettant de revenir les sauver. Ce ne fut pas possible malgré
les demandes répétées du capitaine de la frégate. Puis ils furent oubliés jusqu’en 1776 !! 8 esclaves vivaient encore et aussi incroyable que cela puisse paraître, ils ont, pendant 15 ans,
maintenu un feu allumé, alors qu’il n’y a pas d’arbre sur l’île. Il faut lire Tromelin - L'île aux esclaves oubliés.
Sur Tromelin, c’est tout petit et il n’y a pas grand-chose à part quelques tortues et oiseaux et un puit d’eau douce qu’ils avaient
creusé.
Aujourd’hui elle abrite une station météo.
Tiens en parlant de Tromelin, cela m’emmène vers une autre île faisant partie des îles éparses (françaises). L’île de Bassas da India
(0.2 km² - en jaune) dont la particularité est d’être totalement (ou presque) immergée à marée haute donc autant dire que personne ne peut y vivre. L’avantage de ces îles pour la France est de
pouvoir jouir de zone économique exclusive autour d’elles, pour la pêche notamment.
Sur ces îles (il y en a d’autres) où la vie se fait en quasi autarcie, il y a pas ou peu de
rapport à l’argent mais également peu de rapport de pouvoir. Est-ce pour cette raison que les gens semblent heureux ?
Argent, pouvoir, tiens mais il manque le sexe dans tout ça. Allons jeter un petit coup d’oeil du côté de la très célèbre Pitcairn,
l’île des révoltés du Bounty (47 km² et environ 60 habitants – en rouge). 7 hommes ont été accusés (et 6 condamnés lors d’un procès en 2004) pour de multiples
viols envers des jeunes filles. La rumeur dit qu’il y aurait bien plus de 6 coupables… Et aujourd’hui, rebelote, l’actuel maire est accusé de possession de moult images et vidéos de pornographie
infantile. Pour une île « contrôlée » par l’église adventiste du 7ème jour avec, je cite, « un mode de vie relativement strict sur le plan de la morale », c’est étonnant (ou pas…). Enfin
bref, sur cette île, ça pue.
Vivre ainsi, dans une petite communauté éloignée de tout, ne semble pas toujours être paradisiaque, même si on exclut les problèmes de
consanguinité (en cherchant bien sur Internet, on peut trouver certains arbres généalogiques rigolos).
La vie sur ces îles éloignées me fascine. Mais cela s’arrête là. Je ne rêve pas d’y vivre, ni même d’aller m’installer sur des îles
moins « hostiles ». J’ai ainsi refusé, sans regret, un poste de Maître de Conférences dans une Université des Antilles (j’avais candidaté sans réfléchir pendant ma
petite période de chômage après mon doctorat).
Hein qu’il vous a plu cet article. Ca change de « Aujourd’hui, je suis allé sur youporn pour me muscler l’avant bras gauche…
c’était bien ».